In « Leçons américaines » - Gallimard 1989
p176
« … Lorsqu’on compare
les deux écrivains-ingénieurs : Gadda, pour qui la compréhension consistait à se
laisser impliquer dans un réseau de relations, et Musil, qui donne l'impression
de tout comprendre dans la multiplicité des codes et des niveaux sans s'y
impliquer jamais, il faut aussi tenir compte d'un point qu'ils ont en commun :
ni l'un ni l'autre ne peuvent conclure.
p179
« ….En de
nombreux domaines l'excès d'ambition est critiquable, mais non pas en
littérature. La littérature ne peut vivre que si on lui assigne des objectifs
démesurés, voire impossible à atteindre. Il faut que les poètes et écrivains se
lancent dans des entreprises que nul autre ne saurait imaginer, si l'on veut
que la littérature continue de remplir une fonction. Depuis que la science se
défie des explications générales, comme des solutions autres que sectorielles
et spécialisées, la littérature doit relever un grand défi et apprendre à nouer
ensemble les différents savoirs, les divers codes, pour élaborer une vision du
monde plurielle , complexe. »
p 183
« ..La connaissance conçue comme multiplicité, voilà le
fil qui relie les œuvres majeures : aussi bien celles du modernisme, comme on
l'appelle, que celles du mouvement dit postmodern. » .
« ...le réseau des possibles » apologie du
roman comme grand réseau
« l'hyper-roman »
fournir des échantillons de la multiplicité potentielle des récits possibles :
ce même principe
… qui veut être une sorte de machine à multiplier les
récits, à pétrir d'éléments figuratifs interprétables en divers sens, …»
p 193 94
« Peut -être objectera-t-on que plus l’œuvre tend à
multiplier les possibles, plus elle s'éloigne de cet unicum qu'est le self de
qui écrit, la sincérité intérieure, la découverte de sa vérité. Bien au
contraire, répondrai-je : qui sommes-nous, qu'est chacun de nous, sinon une
combinaison d'expériences, d'informations,de lectures, de rêveries ? Chaque vie
est une encyclopédie, une bibliothèque, un inventaire d'objets, un
échantillonnage de styles, où tout peut se mêler et se réorganiser de toutes
les manières possibles. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire